Une mine affaiblie et les traits tirés, elle se forçait à arborer sur ses lèvres un sourire permanent, comme-ci tout allait bien, comme toujours. Mais la réalité était tout autre, elle n’en pouvait plus, elle ne parvenait plus à affronter les obstacles. Fleur semblait mener une petite vie parfaite, elle avait un époux, un restaurant qui fonctionnait à merveille et elle avait eu la chance de devenir l’égérie du magasin de prêt-à-porter de Madame Guipure en raison de ses origines vélanes, mais malgré ces points positifs, il s’avérait qu’elle n’était guère satisfaite de tout cela. Elle n’avait qu’un rêve en tête : Celui de parvenir enfin à enfanter pour pouvoir ainsi fonder une famille, mais tout semblait s’opposer à ce rêve. Après deux fausses couches, la belle semblait totalement désillusionnée, craignant de perdre son mari qui se faisait déjà de plus en plus absent. Elle gardait ses craintes pour elle, continuant de jouer les femmes heureuses et pleines de vie, ce qu’elle n’était plus en réalité. Alors qu’elle était plongée dans ses rêveries tout en étant dans les cuisines de son restaurant, elle fut perturbée par la sonnette du comptoir. Après avoir été victime d'un léger sursaut, elle inspira profondément pour ensuite afficher un sourire sonnant terriblement faux, elle ne pouvait plus mentir sur son moral, impossible pour elle d'encaisser davantage. Elle se dirigea vers le comptoir, reconnaissant très rapidement Hermione qui semblait à première vue être dans le même état qu'elle. Fleur lui attribua une bise et ne perdit pas de temps à engager la conversation à travers un ton enjoué : « Qu'est-ce qui se passe ? Habituellement ton sourire est beaucoup plus joyeux que ça ! » Elle n'était pas habituée à un si petit sourire venant de la part de son amie, bien au contraire. Il fallait croire que les temps étaient rudes pour tout le monde, peut-être était-ce en raison de cette météo glaciale et constante ? Elle n'en savait rien. « Tu veux manger quelque chose ? » C'est en posant cette question que la jeune vélane prit compte de l'heure qu'il était, se rendant compte qu'elle n'était guère appropriée. « Enfin... Boire plutôt ? » Il était inutile de préciser que pour son amie tout était gratuit, c'était plus qu'une évidence. Fleur dirigea son regard vers l'extérieur du restaurant, soupirant totalement lassée de voir les flocons s'abattre, déjà qu'elle n'était pas une grande fanatique de la neige et encore moins du froid, autant dire que là elle était servie.

Hermione avait raison, le problème était qu’il ne se passait rien, que nos vies ne cessaient de se plonger dans une monotonie déroutante. Les sourires de chacun semblaient s’effacer au fil du temps, laissant place à des mines tristes et froides. Fleur acquiesça lorsque son amie lui fit part de ce qu’elle désirait, elle partit alors en direction des cuisines, s’exécutant de manière rapidement afin de pouvoir rejoindre Hermione au plus vite. Avec les difficultés qu’elle devait encaisser, la compagnie d’une bonne amie lui faisait relativement du bien. Pourtant, ce n’était pas pour autant qu’elle semblait vouloir se confier, la belle vélane avait constamment cette envie de faire croire aux autres que sa vie était superbe et à jalouser, elle ne voulait pas avouer qu’en réalité plus rien n’allait et qu’elle semblait perdre pied. Elle revenue au bout de quelques minutes, une tasse de vin chaud dans les mains accompagnée de tranches de pain d’épices et ce, bien qu’Hermione n’en est pas fait la demande. Déposant le tout sur le comptoir, Fleur prit place sur l’un des tabourets de bars, arborant à nouveau sur ses lèvres son éternel sourire quelque peu crispé. « Raconte-moi ta semaine, tu me sembles plutôt préoccupée. » Rien n’aurait laissé penser au début que les deux jeunes femmes puissent devenir amies et pourtant, après de nombreux efforts de la part de Fleur pour se faire voir à sa juste valeur, elle était parvenue à se faire apprécier par les gens qui n’avaient cessé de la voir comme étant une personne égocentrique et superficielle. Durant l’intégralité de son enfance et de son adolescence, la vélane n’avait jamais eu la chance de pouvoir construire une quelconque amitié avec qui que ce soit, son tempérament lui portant énormément défaut. Il faut dire que Fleur n’était en principe pas réellement du genre à faire des efforts pour se faire aimer des autres, son amour propre et sa confiance en soi lui suffisant amplement. Durant plusieurs années son point de vue sur les relations amicales, voire même amoureuses, n’était guère appréciable jugeant cela comme étant un frein à la réussite, son objectif premier étant de faire mieux que les autres, d’être jalousée. Sa rencontre avec celui qui devenu son époux lui avait fait radicalement changer sa vision des choses, elle apprit à ouvrir son cœur aux autres et non plus qu’à sa jeune sœur et à devenir une personne bien meilleure. Au fil du temps, elle comprit que l’amitié était quelque chose de primordial, tout comme l’amour d’ailleurs.